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L'an 1 de la Défense européenne


L'an 1 de la Défense européenne, Bernard Guetta

Où l'on voit que, sur la Défense comme sur le Commerce, l'Union amorce un nouveau départ.

Eh bien, c’est parti ! Cette Défense commune européenne dont on parle depuis tant d’années et qui a déjà connu tant de faux débuts va naître au Conseil européen qui s’ouvre demain à Bruxelles.

Il y faudra du temps. Une armée européenne ne sortira pas en rangs serrés de cette réunion du Conseil mais les 28 chefs d’État et de gouvernements qui le composent, l’ensemble des dirigeants nationaux des États membres, vont y entériner la création d’un Fonds européen de Défense destiné à la recherche militaire.

Ce Fonds sera doté de 500 millions d’euros par an. Il permettra à l’Union de s’équiper des armements les plus modernes sans plus avoir à dépendre des États-Unis ou de quiconque. A moyen terme, c’est vers une industrie d’armements commune, sur le modèle d’Airbus, que les Européens marchent ainsi et les retombées de cet effort seront multiples.

Dès lors que les états-majors auront à proposer ensemble des priorités en matière d’équipements, ils auront également à définir une Défense européenne. Cela demandera une réflexion commune sur les grandes lignes d’une politique étrangère de l’Union. Tout cela porte en germes une Europe politique acteur de la scène internationale et la recherche militaire a toujours des retombées civiles d’où peuvent souvent naître de nouvelles industries qui, elles aussi, seraient alors communes. A 28 et même à 27 demain, la Grande-Bretagne sortie, 500 millions par an, ce n’est pas la mer à boire pour l’une des deux premières puissances économiques du monde et là ne sera pas le seul tournant de ce Conseil.

On y parlera aussi de protections industrielles et commerciales.

A la demande de la France et de son nouveau président qui avait fait campagne en faisant ovationner l’Union mais une « Union qui protège », le Conseil va débattre – et c’est une première – de contrôle des investissements étrangers, non-européens, dans les secteurs stratégiques, de mesures anti-dumping et d’exigences également de réciprocité, dans les marchés publics notamment.

Il est peu probable que de vraies décisions soient prises tant les Européens restent divisés sur ces sujets mais Emmanuel Macron entend bien ouvrir cette bataille qu’il considère comme aussi essentielle que la Défense et dans laquelle l’Allemagne parait toujours plus disposée à l’épauler alors qu’elle avait longtemps été fermée à ces préoccupations.

Sur le Commerce comme sur la Défense, l’Union évolue. C’est aussi bien dû aux incertitudes internationales crées par Donald Trump, le Proche-Orient et Vladimir Poutine qu’à une volonté des dirigeants nationaux de combler le fossé qui s’est élargi entre les Européens et l’Europe.

L’Union est, oui, sur une nouvelle ligne de départ et cela est si net que Mme Merkel vient de se dire ouverte aux idées françaises de renforcement de la zone euro avec instauration d’un ministère des Finances et d’un Budget communs permettant d’envisager ensemble des investissements structurels. Elle ne s’est pas montrée plus précise mais elle devrait l’être après les élections allemandes du mois de septembre.

Article complet:

https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-21-juin-2017

L’Union européenne lance son Fonds de la Défense, Laurent Lagneau

Annoncé en novembre 2016, la Commission européenne vient de lancer, ce 7 juin, un Fonds européen de la défense, doté de 5,5 milliards d’euros par an, afin « d’aider les États membres à dépenser plus efficacement l’argent des contribuables, réduire le dédoublement des dépenses et obtenir un meilleur rapport coût-résultats. »

Comme annoncé, ce Fonds compte deux volets. Le premier, doté de 90 millions d’euros jusqu’à la fin 2019 (25 millions étant alloués dès cette année), permettra d’accorder des subventions devant financer la « recherche collaborative » dans des domaines innovants pour la défense. Les projets éligibles devront faire partie des priorités définies par les États membres, comme l’électronique, les métamatériaux, les technologies de chiffrement ou bien encore la robotique.

« Un appel à propositions est lancé aujourd’hui pour des projets de systèmes automatisés en environnement naval et des systèmes de soldat. La signature des premières conventions de subvention est prévue pour la fin de cette année », précise la Commission européenne.

À partir de 2020, ce volet « recherche » prendra une toute autre ampleur puisqu’il est question de le doter de 500 millions d’euros par an, ce qui fera de l’UE « l’un des principaux investisseurs dans la recherche en matière de défense en Europe. »

Le second volet de ce Fonds, appelé « Développement et acquisition », aura pour vocation à inciter les États membres à coopérer en matière d’équipements et de technologies de défense, « sous la forme de cofinancement par le budget de l’Union et de soutien pratique de la Commission. » L’idée est de permettre, par exemple, l’achat en commun d’une grande quantité d’hélicoptères afin de réduire les coûts. Encore faut-il que des besoins similiaires soient exprimés en même temps…

À cette fin, 500 millions d’euros seront débloqués, au total, pour 2019 et 2020. Par la suite, un « programme plus substantiel sera élaboré pour l’après 2020. Il sera doté d’un budget annuel estimé à un milliard d’euros. Ce programme mobilisera des financements nationaux et aura un effet multiplicateur escompté de 5. Il pourrait donc générer un investissement total dans le développement des capacités de défense de 5 milliards d’euros après 2020 », explique la Commission.

Cela étant, ce Fonds n’a pas vocation a faire de l’ombre à l’Otan. « L’Union n’est pas une alliance militaire et ne va pas devenir une alliance militaire », a précisé Federica Mogherini, Haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité.

Toutefois, la Commission de Bruxelles a également présenté trois scénarios possibles d’évolution de la défense européenne à l’horizon 2025 [.pdf]. Les États membres sont appelés à se prononcer sur celui qu’ils souhaiteraient voir appliquer.

L’option la moins ambitieuse (mais sans doute la plus raisonnable) laisse aux États membres le soin de décider, au cas par cas, « de l’opportunité d’une coopération en matière de sécurité et de défense, tandis que l’Union continuerait à compléter les efforts nationaux. »

Dans ce cas, le « nouveau Fonds européen de la défense contribuerait au développement de certaines nouvelles capacités conjointes, mais la majeure partie des développements et des acquisitions se rapportant aux capacités de défense continuerait à relever de la responsabilité individuelle des États membres » et la « coopération entre l’Union et l’Otan se poursuivrait selon les modalités et la structure actuelles. »

La piste la plus ambitieuse, appelée « Défense et sécurité communes », basée sur l’article 42 du traité sur l’Union européenne, prévoit que la protection de l’Europe « deviendrait une responsabilité de l’Union et de l’Otan dont chaque partie tirerait profit. » Dans ce cas, l’UE « serait en mesure de mener des opérations de haute intensité en matière de sécurité et de défense, en s’appuyant sur une intégration plus poussée des forces de défense des États membres. »

Entre ces deux options, celle intitulée « Sécurité et défense partagées », se fonde « sur la mutualisation, par les États membres, de certaines ressources financières et opérationnelles pour une solidarité accrue dans le domaine de la défense. » Là, l’UE « assumerait un rôle plus important dans des domaines tels que la cybersécurité, la protection des frontières ou la lutte contre le terrorisme » et renforcerait sa coopération avec l’Otan.

« Les trois différents scénarios proposés par la Commission européenne sont clairs et placent chacun devant ses responsabilités. La France, qui fait un effort de défense tout à fait particulier, s’en félicite », a commenté Sylvie Goulard, la ministre française des Armées.

En savoir plus sur http:

//www.opex360.com/2017/06/07/lunion-europeenne-lance-son-fonds-de-la-defense/#IeGX4bcZbOUZGlFZ.99

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