L'échec des négociations entre les conservateurs, les libéraux et les Verts dimanche dernier pour former une nouveau gouvernement a abouti à une crise politique inédite en Allemagne. Réélue au mois de septembre dernier pour un quatrième mandat, Angela Merkel apparaît plus que jamais fragilisée. Retour sur les causes de cet échec et les enjeux économiques de cette situation avec la maître de conférences Isabelle Bourgeois, spécialiste de l'Allemagne et des comparaisons France-Allemagne dans le contexte européen.
Quelles pourraient être les conséquences, à la fois économiques et politiques, sur la zone euro si l'Allemagne ne trouve pas rapidement d'issue ?
Il faut laisser le temps au temps... disait un président français. L'Allemagne trouvera une issue dans les semaines ou les mois à venir. Elle n'est pas sans gouvernement : l'actuelle grande coalition gère les affaires courantes. Et les partenaires prendront le temps nécessaire pour définir une politique garante de la stabilité politique du pays. Et garante de sa stabilité économique (et sociale).
Rappelons que l'Allemagne est une démocratie parlementaire. Et que le poids du Bundestag est plus important que celui de l'Assemblée nationale : c'est lui qui élit le chancelier/chancelière, et le gouvernement a envers lui un devoir d'information, rappelé à plusieurs reprises par la Cour de Karlsruhe. En ce qui concerne la zone euro, une certaine stabilité est assurée dans la mesure où Wolfgang Schäuble, anciennement ministre fédéral des Finances, est le président du nouveau Bundestag, et également celui de la Commission des Finances.
Le calendrier européen ne se définit pas au jour le jour. Quant aux dossiers "techniques", ils sont aux mains d'équipes de spécialistes qui ne seront pas recomposées du jour au lendemain. Les compétences en la matière sont rares.
Quels pourraient être les principaux risques pour la France si la situation perdure en Allemagne ?
Plus que des risques, je vois une chance à saisir par la France : celle de profiter de cette "pause" forcée pour mener à bien réformes structurelles et consolidation des finances publiques. Et ainsi d'asseoir durablement le capital de confiance indispensable pour mener à bien les négociations sur l'avenir de l'Europe.
Après tout, l'Allemagne a bien attendu patiemment pendant que la France était en campagne présidentielle. Elle a attendu plus longtemps encore que la France montre sa volonté d'assumer sa responsabilité européenne.
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