La Commission européenne vient de présenter ses propositions, un projet qui manque d'audace.
Le projet européen peut-il avancer lorsqu'il n'est pas menacé? C'est sous l'aiguillon de la grande crise des années 2010-2012, lorsque la survie de la monnaie unique était en question, que les défauts de construction de la zone euro ont commencé à être réparés: création de l'Union bancaire et du Mécanisme européen de stabilité, surveillance et convergence accrue des politiques budgétaires des Etats membres... Dans l'urgence, il a bien fallu colmater.
Et puis la reprise s'est fait sentir et les architectes de la monnaie unique se sont endormis, reposant bien vite leur crayon, alors même que les eurosceptiques progressaient partout. En septembre, dans un discours enflammé à la Sorbonne, Emmanuel Macron a repris l'initiative, proposant notamment la création d'un poste de ministre des Finances de la zone euro et celle
Quid du grand saut fédéral?
Cette semaine, la Commission européenne a présenté ses propositions: une première base pour des négociations qui débuteront lors du sommet européen du 15 décembre. Las, pas d'audace. Rien que du petit bras et beaucoup de prudence. Exit un vrai budget commun -étape pourtant essentielle vers davantage d'approfondissement. Envolée, l'idée d'un Parlement de la zone euro. Seul subsiste le projet de créer une sorte de Fonds monétaire européen qui pourrait intervenir dans des pays en détresse financière.
La réalité, c'est que plus personne ne rêve -ou ne souhaite- un grand saut fédéral. Aux Etats-Unis, il aura fallu un siècle et demi pour que l'Etat fédéral se construise et qu'Alexander Hamilton, son architecte, gagne son combat. L'euro pourra-t-il tenir aussi longtemps?
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