La Journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah se tient chaque année le 27 janvier, date anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. À cette occasion, des commémorations et des manifestations sont organisées partout dans le monde.
Cette tragédie, perpétrée sur le sol européen, ne faut malheureusement pas la seule à cette époque. Le siècle 1900 enfanta des nationalismes les plus extrêmes et meurtriers. Le nombre de victimes civiles pendant la seconde guerre mondiale dépassa celui des victimes militaires et les persécutions et massacres de masse ne furent pas limités à la période du conflit.
La période de paix qui s'est ouverte depuis les années 1950 en Europe apparait comme un fragile répit dans le cours de l'Histoire. C'est aussi et surtout cela que l'Union européenne et la coopération renforcée entre Etats ont permis. 70 ans après, il ne faut pas l'oublier.
Victimes Seconde Guerre Mondiale en EUROPE.
La seconde guerre mondiale,1939-1945, fit environ 60 millions de victimes dans le monde. Elle fit plus de victimes parmi les civils que parmi les militaires. En Europe, ce fut l'Europe centrale et l'Europe l'est qui, de très loin, en paya le tribut plus lourd. Un tribut écrasant. Les chiffres, méconnus dans nos pays de l'ouest, donnent le vertige absolu.
Mais cette guerre déclenchée par le régime nazi, cache en réalité d'autres génocides perpétrés par la dictature Stalinienne, et ce, dès les années 30. En tout, Staline ordonna la mort de 15 à 20 millions de personnes, chiffre encore plus effroyable que les 6 millions de juifs exterminés par les nazis. Cette guerre cache aussi la guerre civile entre les Croates et les Serbes qui fit près d'un million de victimes, dans les deux camps confondus.
Le sujet des génocides et des meurtres de masse au 20e siècle est complexe, et obéit à des phénomènes de mode et de mémoire, qui fluctuent et ne se décrètent pas. Encore aujourd’hui, toutes les approches historiennes ont encore du mal à se dégager de la construction mémorielle qui s'est élaborée au fil des décennies, depuis la fin de la guerre.
Par exemple, la mémoire de la Shoah correspond à un phénomène relativement récent, très bien analysé par Anne Wieworka. Les choses ont émergé lentement, avec la série américaine Holocaust (ce qui fait qu'on parle de l'Holocauste aux États-Unis) et le film Shoah de Claude Lanzmann, sorti en 1985 (ce qui fait qu'on utilise le terme Shoah en France ).
Cette construction mémorielle tend aujourd'hui à prendre le pas sur une vision plus complète et équilibrée de la période, notamment par ce que l'identité juive est en grande partie fondée encore maintenant sur la mémoire collective du génocide.
Mais cette construction mémorielle occulte complètement l’autre holocauste, 3 à 4 fois plus important par l’ampleur du nombre des victimes, celui de la répression et des génocides staliniens, « l’holocauste rouge ».
De la même manière, la volonté gaullienne de faire apparaître la France dans le camp des vainqueurs a occulté ou détourné les regards sur ce qui s'est passé dans les dernières mois lors des bombardements alliés (mais aussi les viols perpétrés par les soldats américains sur les femmes de Normandie...).
Et la volonté de punir l’Allemagne vaincue occulte fortement encore aujourd’hui, les bombardements alliés massifs sur la population civile allemande, et l’extermination des allemands en Europe centrale après 1945.
Parce qu’elle est arbitraire et partiale, la construction mémorielle tend à excuser, voire justifier, certains génocides. A passer sous silence certains meurtres de masses plus que d’autres, la mémoire défaillante prépare ceux qui suivront.