En rejetant la procédure du candidat « tête de liste », les dirigeants de l’Union européenne ont refusé, vendredi 23 février, de se lier les mains s’agissant du mode de désignation du futur président de la Commission européenne, qui succédera à l’emblématique Jean-Claude Juncker en 2019.
« Le traité est très clair sur la compétence autonome du Conseil européen », a déclaré Donald Tusk, le président de cette instance qui regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, à l’issue d’un sommet informel à Bruxelles. Les vingt-sept dirigeants de l’UE — sans le Royaume-Uni, mis sur la touche pour cause de Brexit — étaient réunis pour étudier des questions d’intendance institutionnelle en vue des élections européennes de 2019 et de la nomination d’une nouvelle Commission européenne.
Le Parlement européen vient de sèchement mettre en garde les vingt-sept, exigeant que le candidat qu’ils choisiront en 2019 pour diriger l’exécutif européen soit une « tête de liste » sélectionnée par les partis politiques européens — ou « Spitzenkandidaten », selon le terme allemand qui s’est imposé dans les institutions.
« Pas d’automaticité » dans le choix ont répondu en substance les dirigeants, dont le candidat doit tout de même recueillir la majorité des suffrages lors d’un vote des eurodéputés. « Le Conseil européen ne peut pas garantir par avance » que le choix sera fait uniquement parmi ce groupe de « Spitzenkandidaten », a lancé M. Tusk.
Ne pas oublier la hiérarchie
« On ne peut pas dire tout simplement, “le candidat du parti le plus fort, c’est lui”. Il faut voir quel rapport de majorité on peut former. Il y a bien des gouvernements nationaux où le parti le plus fort n’est pas celui qui fournit le chef de gouvernement », a souligné pour sa part la chancelière allemande, Angela Merkel.
« Le Parlement européen doit élire le président de la Commission, ce qui, en termes démocratiques, traduit tout de même une hiérarchie qu’il ne faudrait pas que nous oubliions trop rapidement », a toutefois dit Jean-Claude Juncker, rappelant que la procédure avait bien fonctionné pour lui en 2014. Le Luxembourgeois a par ailleurs présenté aux dirigeants son idée de fusionner la présidence du Conseil et celle de la Commission, très fraîchement accueillie par les vingt-sept, qui ont décidé de ne pas donner suite.
Quant aux listes transnationales, une idée défendue notamment par le président de la République français, Emmanuel Macron, mais enterrée par le Parlement pour 2019, elles n’ont pas été totalement écartées par les dirigeants, qui y « reviendront plus tard », a rapporté M. Tusk. « Nous sommes convenus de poursuivre la discussion, le travail technique et juridique, pour qu’en 2024 ces listes transnationales soient possibles », a dit M. Macron à l’issue du sommet.
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