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Paris entend lancer son Initiative européenne d’intervention (IEI) d’ici la fin juin, malgré les bém


Photo : Thibault Champetier (c) armée de l’Air

Lors de son discours sur la construction européenne prononcé à la Sorbonne, en septembre 2017, le président avait proposé une « Initiative européenne d’intervention » [IEI] afin de faire émerger une culture stratégique commune et de doter les Européens d’une capacité d’action et de prévention autonome, en mutualisant la planification, le soutien et le renseignement.

« Je propose ainsi à nos partenaires d’accueillir dans nos armées nationales – et j’ouvre cette initiative dans les armées françaises – des militaires venant de tous les pays européens volontaires pour participer, le plus en amont possible, à nos travaux d’anticipation, de renseignement, de planification et de soutien aux opérations. Au début de la prochaine décennie, l’Europe devra ainsi être dotée d’une Force commune d’intervention, d’un budget de défense commun et d’une doctrine commune pour agir », avait en effet expliqué M. Macron.

L’Union européenne [UE] compte déjà des groupements tactiques (GTUE) susceptible d’être déployés dans un préavis de 10 jours, pour une période comprise entre 30 et 120 jours. Seulement, ils n’ont jamais été sollicités depuis leur création (en 2005). D’où la raison d’être de cette IEI.

Le lancement de cette initiative aurait formellement dû être fait au début de ce mois. « Il a été question de cette échéance », mais « il y a eu des changements de gouvernements en Europe ces derniers jours, et il leur faut un peu de temps pour prendre la mesure de l’adhésion de leur pays à une telle initiative », explique-t-on dans l’entourage de Florence Parly, la ministre des Armées, selon l’AFP.

Aussi, Paris espère désormais qu’une lettre d’intention relative à cette IEI soit signée d’ici la fin juin par les 9 pays intéressés, dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Portugal, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et l’Estonie.

L’IEI est ouverte aux pays volontaires. Normalement, elle se fera « hors cadre » de l’UE. En effet, dans le cadre du traité de Maastricht, le Danemark bénéficie de clauses d’exemption, en particulier dans le domaine de la défense. Ce qui fait que Copenhague ne participe pas aux projets militaires de l’Union, pas plus qu’aux missions conduites sous la bannière de cette dernière. Et ce sera bientot la même chose pour le Royaume-Uni, Brexit oblige.

La participation de l’Allemagne à cette IEI a été confirmée par la Angela Merkel, la chancelière allemande, lors d’un entretien donné au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Cependant, comme le souligne Nicolas Gros-Verheyde, elle y a mis des conditions passées inaperçues. L’une d’elles est d’inclure cette initiative dans la coopération structurée permanente [PESCO], laquelle vise à permettre aux membres de l’UE qui le souhaitent de « développer conjointement des capacités de défense, d’investir dans des projets communs et de renforcer l’état de préparation opérationnelle et la contribution de leurs forces armées. » Ce qui fait que le Danemark ne pourrait plus y participer.

En outre, Mme Merkel a mis un autre bémol : toute participation de la Bundeswehr à des opérations militaires devra obtenir l’accord du Bundestag, c’est à dire la chambre basse du Parlement allemand.

Cependant, a précisé l’entourage de Mme Parly, pour qu’il « est certain qu’on n’a pas toujours la même vision avec les Allemands », il n’est pas question, pour le moment, d’une « force d’intervention » car « n’y aura pas d’unités dédiées prêtes à être déployées ». Et d’ajouter : «L’idée est celle d’un canal qui relie directement les états-majors de l’IEI », pour accomplir « des travaux de planification conjoints sur des scénarios jugés probables de crises potentielles pouvant menacer la sécurité européenne.»

http://www.opex360.com/2018/06/07/paris-entend-lancer-initiative-europeenne-dintervention-dici-fin-juin-malgre-bemols-de-berlin/

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