L'euro est le symbole de l'intégration et de l'identité de l'Union européenne. Il est utilisé aujourd'hui par plus de 340 millions de personnes dans 19 pays de l'UE. En vingt ans, la monnaie européenne est non seulement devenue la deuxième monnaie la plus importante du système monétaire international après le dollar américain, mais elle a démontré sa résilience pour surmonter 3 crises majeures qui l’ont frappé de plein fouet; la crise financière en 2008, la crise grecque en 2011, puis la crise de la pandémie du COVID en 2020. Un bel âge, celui de la force et de la raison. Il suffira à ceux qui ont moins de trente ans en 2022 et à tous les autres qui ont oublié les crises de change qui secouaient l’Europe entière dans les années 90, de regarder le sort de la lire turque qui a perdu 40 % de sa valeur pendant la seule année 2021, et trois quarts (3/4) de sa valeur ces 5 dernières années. Les européens ne doivent pas oublier, ou doivent savoir, que l’euro leur a apporté la stabilité et la sécurité. Ils doivent aussi savoir que tout ce qui a été gagné, peut un jour être perdu. #euro #UE #UE #BCE #EuropeUnie #Europe
Historique
Au sortir des ravages de la guerre, la conférence de Bretton Woods en 1944 instaure un système monétaire basé sur la libre convertibilité des monnaies mais la fixité des taux de change. Les pays européens exsangues s’accrochent tous au dollar qui devient de facto la monnaie de change mondiale.
En 1957, les pays européens créent une Communauté économique (CEE) qui établit entre eux un marché commun mais sans se soucier encore d’instaurer une monnaie unique. Pourtant dès 1962, la Politique Agricole Commune qui doit gérer des budgets et des transferts entre plusieurs devises, en révèle le besoin.
Le dollar américain étant la monnaie de réserve internationale, les pays doivent s’en procurer pour commercer avec le monde. A partir de la fin des années 1960, il y a plus de dollar à l’étranger que les Etats-Unis ne disposent de réserves d’or, ce qui signifie que les dollars ne peuvent plus être convertis en or. C’est la République fédérale d’Allemagne qui mettra fin aux accords de Bretton Woods en cessant de les mettre en oeuvre. Les demandent de remboursement des dollars excédentaires commencent, ce qui amoindrit les réserves en or des Etats-Unis qui suspendent alors la convertibilité du dollar en or en août 1951. En 1973, la stabilité des taux de change fixes s’écroule avec l’adoption d’un système de changes flottants. Les devises sont alors livrées à elles mêmes, leurs valeurs fluctuant au grès de l’offre et de la demande du commerce mondial, des attaques boursières et de la spéculation. Les économies et les budgets des Etats sont à la merci des variations des taux de change qui forcent les dévaluations et provoquent les pertes financières et de pouvoir d’achat. L’instabilité monétaire est telle qu’elle rend les réformes impossibles.
De 1972 à 1979, les européens tentent alors de contenir les fluctuations avec un système plafonnant les hausses et les baisses dans les limites d’un « serpent monétaire européen», sans grand succès. Début 1978, l'instabilité monétaire est généralisée et la situation est telle que même les échanges communautaires sont désormais menacés. En 1979, les européens instaurent un nouveau « Système monétaire européen » qui se révéla par rapport à la période précédente, relativement stable. Le système résista notamment assez bien au second choc pétrolier (le prix du pétrole sera multiplié par 2,7 entre 1978 et 1981.)
En 1986, les européens établissent l’acte unique qui ouvre leur marché intérieur (liberté de circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux). C’est à ce moment que l’on envisage sérieusement la création d’un monnaie unique pour ce marché commun.
En 1989, le mur de Berlin tombe ce qui ouvre la porte à la réunification de l’Allemagne et à la résurgence de la « Mittel Europa » forte et dominatrice qui hante l’histoire allemande et européenne. Afin de ne pas forcer la France et les autres pays européens à s’arrimer au deutsche Mark allemand, le chancelier Helmut Kohl fait de choix politique de l’ancrage à l’ouest et met la création de la monnaie unique en chantier.
Au début des années 1990, les crises de change et les dévaluations ravagent les économies et les budgets nationaux. En 1992, les Danois s’opposent au traité de Maastricht et les français l’approuvent à un très courte majorité, ce qui commence à décrédibiliser l’intégration européenne. Cette même année, le système monétaire européen est en crise, les monnaies sont attaquées. La livre anglaise, la lire italienne et la peseta espagnole sont éjectées du système. Le franc est à son tour attaqué en 1993 et ne sera sauvé que par la banque centrale allemande qui va massivement le racheter. Un nouveau dispositif est mis en place par les ministres des finances des Douze qui élargissent considérablement les marges de fluctuation pour mettre fin aux attaques spéculatives qui ont fait plonger toutes les monnaies par rapport au deutsche Mark. Le besoin en une monnaie unique dans un marché devenu commun pour prévenir les crises de change, les dévaluations compétitives et les attaques financières, est devenus criant. Sa création est actée dans le traité de Maastricht en 1992.
En 1995, le Conseil européen introduit le nom de la future monnaie, qui s’appellera « Euro ». La Banque centrale européenne est crée en 1998 et en 1999 tous les titres sont émis en euros, le double affichage des prix en francs et en euros faisant son apparition.
Création
Le 1er janvier 2002, jour J ou jour E(uro), les citoyens européens touchent du doigt les premiers billets et pièces en euros dans une certaine ferveur populaire. Cette monnaie sonnante et trébuchante est le tout premier symbole palpable d’une citoyenneté européenne. Elle signifie que l’on veut écrire l’histoire ensemble, et ne plus jamais retomber dans les nationalismes et la guerre. C’est aussi la matérialisation au grand jour d’une étape de la construction européenne qui devrait, après la monnaie, se poursuivre par un budget et une politique économique européenne. C’est surtout la fin de la période des crises de change et le contrôle fort de l’inflation et du pouvoir d’achat. Pendant les vingt années qui ont suivi la naissance de l’euro jusqu’à aujourd’hui, l’inflation a pu être jugulée à des niveaux historiquement bas. L’euro est devenu le symbole de l'intégration et de l'identité de l'Union européenne.
Malheureusement, comme on pouvait s’y attendre, d’autres crises succédèrent aux anciennes. En 2008, la faillite de la finance américaine plonge la planète dans un (nouveau) crash boursier catastrophique. En 2011, l’Etat grec se déclare en faillite, il sera sauvé par un plan européen d’austérité douloureux. En 2020, la pandémie du COVID paralyse brutalement les économies du monde entier. A chaque fois, la Banque centrale européenne a fait preuve de réactivité, d’innovation et de souplesse pour sauver les pays de la catastrophe, ce qui fait que la grande majorité des Européens sont aujourd’hui favorables à la monnaie unique. Selon le dernier Eurobaromètre, 78 % des citoyens de la zone euro considèrent que l'euro est positif pour l'UE. A tel point que plus aucun parti politique euro-sceptique, nationaliste ou souverainiste ne propose de quitter la zone euro. Et pour cause. La France vient d’enregistrer en 2021 le pire déficit commercial de son histoire, à 85 milliards d'euros, sans que cela ne pose trop de problème à sa monnaie puisque, grâce à l’euro, le pays peut s’adosser à l’excédent commercial allemand de 170 milliards d’euros pour cette même année. Fin 2021, la France s’était endettée à hauteur de 116% de son PIB, contre 70% pour l’Allemagne dont l’assise financière et la crédibilité bénéficient à tous les autres pays de la zone euro.
Un bilan élogieux
Vingt ans après, le bilan est élogieux. L’euro est utilisé aujourd'hui par plus de 340 millions de personnes dans 19 pays de l'UE. L’euro est actuellement la deuxième monnaie la plus utilisée au monde derrière le dollar américain. La monnaie unique a contribué à maintenir la stabilité des prix et a protégé les économies de la zone euro de la volatilité des taux de change. Sa stabilité et sa crédibilité en ont fait une monnaie de facturation internationale, une monnaie de thésaurisation, ainsi qu'une monnaie de réserve représentant environ 20 % des réserves de change. Soixante autres pays et territoires dans le monde, totalisant quelque 175 millions d'habitants, ont fait de l'euro leur monnaie officielle ou leur monnaie d'ancrage. Aujourd'hui, l'euro est utilisé dans près de 40 % des paiements transfrontières dans le monde et dans plus de la moitié des exportations de l'UE.
A l’heure où j’écris ces lignes, il suffit à ceux qui ont moins de trente ans en 2022, ou à ceux qui ont oublié les crises de change des années 90 qui secouèrent l’Europe, de regarder le sort de la lire Turque qui a perdu 40 % de sa valeur lors de la seule année 2021, et trois quarts (3/4) de sa valeur ces 5 dernières années. La population et l’économie turque subit de plein fouet cette dévaluation et se réfugie dans le dollar américain qu’elle achète pour remplacer ses lires dévaluée.
Les européens ne doivent pas oublier, ou doivent savoir la stabilité et la sécurité que l’euro leur a apporté. Ils doivent aussi savoir que tout ce qui a été gagné, peut un jour être perdu.
Comments