55 ans après le traité de Paris qui scellait l'amitié entre la France et l'Allemagne, les parlements des deux pays préparent une résolution commune.
Sept mois après l’élection d’Emmanuel Macron, où en est le couple franco-allemand? Lors de ses voeux aux Français, le chef de l'Etat a évoqué en ces termes la relation particulière qui lie la France à l’Allemagne : "Je continuerai de travailler avec chacun de nos partenaires européens et tout particulièrement avec l’Allemagne. Ce colloque intime avec nos amis allemands est la condition nécessaire à toutes avancées européennes. Elle n’exclut pas le dialogue avec tous nos autres partenaires mais elle est ce par quoi tout commence."
Résolution pour un nouveau traité France-Allemagne
Ce "colloque intime" doit se matérialiser le 22 janvier, date à laquelle, l’Assemblée nationale et le Bundestag allemand devraient approuver une résolution commune pour un nouveau traité de l’Elysée, 55 ans après celui signé entre le Général De Gaulle et Konrad Adenauer qui avait scellé l'amitié entre les deux pays. Ce texte, qui a d'ores et déjà été transmis aux groupes parlementaires, a pour but de renforcer encore la convergence notamment économique entre la France et l'Allemagne.
Il est issu d’une proposition qu’avait effectuée Emmanuel Macron lors de son discours de la Sorbonne consacré à la question européenne, le 28 septembre dernier. Des parlementaires allemands y avaient répondu favorablement dans une tribune le 11 novembre, puis les deux présidents des chambres basses François de Rugy et son homologue allemand Wolfgang Schäuble avaient approuvé le principe le 13 décembre.
Réalisation d’un espace économique franco-allemand
Cette résolution, dont une copie a été transmise à l’AFP par le groupe de la France insoumise, plaide pour "la réalisation d’un espace économique franco-allemand avec des règles harmonisées", à "des normes communes, garantissant un niveau analogue de droit sociaux" dans les deux pays, la création d’un "statut franco-allemand du stagiaire" ou encore la création d’un "marché unique de l’énergie".
Ce texte est le symbole de la position européenne d’Emmanuel Macron qui prône une Europe à plusieurs vitesses et qui veut profiter de sa bonne relation avec Angela Merkel pour relancer l’intégration de l’UE. Alors qu’ils s’étaient déjà rencontré pendant la campagne présidentielle, elle avait tenu être la première chef d’Etat à le féliciter le jour de son élection. Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a effectué son premier voyage en Allemagne.
Macron et Merkel se parlent au moins une fois par semaine
Toutefois à la différence de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande qui avaient mis quelques temps à se faire accepter par Angela Merkel, celle-ci a semblé immédiatement séduite par Emmanuel Macron. "Elle était chancelière depuis douze ans tandis que je débarquais sans avoir fait partie du paysage politique français", confiait Emmanuel Macron au JDD en juillet. "Mais je n'ai pas ressenti de décalage entre eux, ni générationnel ni sur le fond des choses", témoignait un conseiller. "J'ai avec elle un dialogue direct, franc, amical permanent", ajoutait le chef de l'Etat. Depuis, ils se parlent au moins une fois par semaine. En juin, ils préparent ensemble le sommet européen puis en juillet Emmanuel Macron revient même d’un sommet sur les Balkans dans l’avion de la chancelière.
Embourbée dans des élections fédérales qu’elle a remportées sans majorité, puis dans les négociations pour constituer un nouveau gouvernement, elle a laissé le devant de la scène européenne au président français qui en a profité pour proposer plusieurs initiatives. Une attitude qui n’a pas semblé lui déplaire. A la suite du discours de la Sorbonne, elle avait ainsi salué "un large consensus entre l’Allemagne et la France". Le couple franco-allemand semble toujours aussi incontournable, d’autant plus que les autres grands pays européens ne sont pas en mesure de prendre le leadership européen. Le Royaume-Uni est en plein Brexit, l’Italie va se doter d’un nouveau parlement au mois de mars et l’Espagne est engluée dans la crise catalane.
http://www.lejdd.fr/international/europe/comment-macron-et-merkel-veulent-renforcer-le-couple-franco-allemand-3536738