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Le Parlement européen rejette le principe des listes transnationales pour les européennes


« Ce n’est pas le vote de ce mercredi qui empêchera une recomposition politique au niveau européen en 2019 », prévient Pieyre-Alexandre Anglade.

"N’en déplaise aux sceptiques de tous bords, nous continuerons à défendre les listes transnationales car elles contribueront à renforcer la démocratie européenne en créant un débat sur des enjeux européens et non strictement nationaux lors des Elections Européennes." note Pieyre-Alexandre Anglade. sur sa page Fb.

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Jusqu’à présent, tout ou presque souriait à Emmanuel Macron à Bruxelles et à Strasbourg. Le président français vient cependant de subir un premier revers symbolique sur la scène européenne, avec, mercredi 7 février, le rejet par le Parlement européen de son idée de créer des listes transnationales aux prochaines élections européennes, en mai 2019.

Le vote n’est que consultatif, car c’est au Conseil (les Etats membres) de se prononcer. Mais comme cette vieille proposition des fédéralistes européens n’enthousiasme pas non plus les dirigeants de l’Union, il paraît désormais improbable que le président français réussira à les convaincre, d’autant que leur unanimité est requise pour ces questions d’ordre constitutionnel.

Les eurodéputés ont rejeté à 368 voix contre 274 le principe de réserver une trentaine de sièges dans le prochain hémicycle strasbourgeois (pris sur les 73 que vont libérer les Britanniques à la suite du Brexit), à des candidats issus de toute l’Union, choisis indépendamment de leur nationalité par les différents partis politiques européens.

« Les gens ne sont pas prêts »

Le président français s’était pourtant fait l’avocat de ces listes, notamment lors de son discours de la Sorbonne sur l’Europe en septembre 2017, disant y voir une avancée démocratique. Sa ministre des affaires européennes, Nathalie Loiseau, n’avait pas ménagé sa peine pour promouvoir l’idée auprès des dirigeants européens ces dernières semaines.

« J’ai reçu un SMS de la ministre, vendredi dernier », révèle Franck Proust, chef de file des LR à Strasbourg, qui, comme une bonne partie de sa famille politique, se délecte du « revers » du président français. L’élu du Sud-Ouest récuse toutefois l’idée que le vote aurait visé davantage à sanctionner le président français que le nouveau mode de scrutin : « Les gens ne sont pas prêts aujourd’hui à cette innovation, on a déjà du mal, nous élus, à créer du lien sur le terrain avec les citoyens. »

« Nous prenons acte de ce vote négatif, mais le débat va se poursuivre au Conseil », souligne Pieyre-Alexandre Anglade, député LRM chargé par son parti de préparer l’atterrissage politique d’Emmanuel Macron à Bruxelles et à Strasbourg (le dirigeant français n’a toujours pas choisi de « chapelle » partisane européenne).

« Spitzenkandidat »

Autre signal négatif pour le président Macron : les eurodéputés se sont aussi prononcés, mercredi, pour des « Spitzenkandidat » (ou « chefs de file », en allemand) aux prochaines européennes. Imposé pour la première fois aux forceps par le Parlement européen au Conseil en 2014, il s’agit d’un mode de désignation du président de la Commission, qui force les dirigeants européens à choisir pour ce poste le chef de file du parti arrivé en tête aux élections européennes. C’est ainsi que Jean-Claude Juncker avait été imposé, y compris à Angela Merkel, par les dirigeants du Parti conservateur européen (PPE).

Ce mode de scrutin donne une prime évidente au PPE, qui a remporté toutes les élections européennes depuis 1999. L’entourage du président Macron n’a pas fait mystère de son peu d’appétence pour les « Spitzenkandidat » ces dernières semaines.

Mais sur ce sujet, le président est moins isolé que sur les listes transnationales. Ses pairs, dirigeants de l’Union, sont aussi très partagés. « J’ai l’impression qu’il y a presque une majorité contre », a prévenu M. Juncker depuis Strasbourg. Les dirigeants redoutent que le Parlement ne tente de leur tordre le bras alors que, d’après les traités, la désignation du président de la Commission continue de leur revenir. Même si, depuis celui de Lisbonne, ils sont censés « tenir compte » du résultat des européennes.

Bataille partisane

« Ce qui se joue, c’est de savoir si aux prochaines élections, ce seront les leaders qui nommeront à huis clos les grands dirigeants de l’Union, ou si ce pouvoir sera donné aux citoyens », souligne l’eurodéputé juppéiste Alain Lamassoure, très en faveur du Spitzenkandidat, et, accessoirement, d’une candidature du Français Michel Barnier pour le poste. « Nous ne dénonçons pas a priori le Spitzenkandidat, nous estimons juste que ce système aurait eu plus de sens avec les listes transnationales », note M. Anglade.

Au-delà de ces grands débats sur la démocratie, et comment la faire progresser à l’occasion du scrutin de 2019, c’est à une sourde bataille partisane que se livrent dirigeants et élus européens. Que les eurodéputés socialistes français résument assez bien, dans un communiqué publié mercredi : « Une vaste majorité de la droite européenne, en contradiction avec les conditions de construction d’une véritable démocratie européenne, a décidé de rejeter les listes transnationales. Et le président Macron rejette le Spitzenkandidat parce que La République en marche n’est pas organisée à l’échelle européenne et qu’elle sait que ce mode de désignation ne la mettra pas au centre du dispositif. »

Le désaveu sur les listes transnationales rend encore plus indispensable l’ancrage politique du président français à Bruxelles et à Strasbourg. Ralliement à l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE, centre) ? Lancement d’un En Marche européen ? Le président français n’a pas encore abattu ses cartes, mais pourrait bien parier sur les fortes divisions internes au sein des grandes écuries européennes. « Ce n’est pas le vote [sur les listes transnationales] de ce mercredi qui empêchera une recomposition politique au niveau européen en 2019 », prévient Pieyre-Alexandre Anglade.

http://mobile.lemonde.fr/elections/article/2018/02/07/le-parlement-europeen-rejette-le-principe-des-listes-transnationales-pour-les-europeennes_5253253_5001134.html

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