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L’ambition de Macron sur la zone euro s’effrite


PATRICK HERTZOG/AFP

Faute d’un réel soutien allemand, Emmanuel Macron a revu ses ambitions de réforme de la zone euro à la baisse lors de son discours à Strasbourg.

Les ambitions d’Emmanuel Macron sur la réforme de l’Union économique et monétaire (UEM) ont du plomb dans l’aile.

Priorité du président français après son élection, le renforcement de la zone euro semble avoir reculé dans la hiérarchie des réformes européennes défendues par Macron lors de son discours devant les eurodéputés à Strasbourg le 17 avril.

Selon Emmanuel Macron, l’Europe doit faire preuve de « plus d’ambition », l’union budgétaire doit être finalisée et les gouvernements doivent poursuivre les réformes nationales, comme celles qui sont actuellement mises en place en France.

Alors que l’Europe dispose d’« instruments de responsabilité », notamment le Pacte de stabilité et de croissance pour limiter le déficit et le niveau d’endettement de l’UE, ce dont elle a besoin maintenant, c’est de davantage de « solidarité », a affirmé le président français.

« Il ne peut pas y avoir d’union monétaire sans une capacité budgétaire permettant l’investissement et la stabilisation », a-t-il déclaré, salué par des salves d’applaudissements dans l’hémicycle.

Contrôle démocratique

De plus, la zone euro a besoin d’un « certain contrôle démocratique », a affirmé le président français, faisant écho à sa proposition de créer un parlement de la zone euro. « Si l’UE ne parvient pas à tenir ses promesses, nous ne serons pas en mesure d’aller de l’avant en Europe. »

Les eurodéputés ont vu dans la victoire d’Emmanuel Macron en 2017 l’occasion unique de faire avancer des propositions de longue date visant à renforcer l’euro avant que la prochaine crise ne frappe.

En effet, lorsque le président français a été élu, l’Europe vivait la meilleure relance économique qu’elle ait connue depuis dix ans. Un an plus tard, face à l’essoufflement de cette relance, les eurodéputés attendaient ce discours avec impatience pour voir si le dirigeant europhile avait toujours autant d’ambition pour la zone euro.

Cependant, lors de son discours, Emmanuel Macron a présenté une liste de cinq points pour renforcer la souveraineté européenne, au lieu de se concentrer sur les défis les plus difficiles pour l’Union, à savoir le renforcement de l’UEM et la finalisation de l’union budgétaire.

Bien que le président français ait mentionné la nécessité de finaliser l’union budgétaire et de mettre en place un fonds monétaire pour stabiliser les économies des États membres de la zone euro, il s’est montré bien moins passionné et ambitieux que lors de son discours l’année dernière.

« Une puissance économique durable ne peut se construire qu’autour d’une même monnaie, c’est pourquoi je suis profondément attaché à l’ambition de la zone euro », avait-il déclaré en septembre à la Sorbonne. « C’est à partir de cette Union économique et monétaire, en son sein, que nous pouvons créer le cœur d’une Europe intégrée. »

Six mois plus tard, Emmanuel Macron a adopté un ton plus prudent, sachant qu’il doit faire face aux cheminots en grève contre ses réformes en France, que l’Allemagne s’oppose à la plupart de ses propositions de réforme de l’UEM, que huit États membres s’opposent à son programme et qu’il reste peu de temps pour parvenir à un accord sur la réforme de l’UEM, avant le sommet décisif de juin.

« Il s’inquiète de savoir qui pourrait être un partenaire potentiel », a commenté Udo Bullmann, président du S&D.

L’eurodéputé allemand a déclaré que les socialistes soutiendraient la tentative d’Emmanuel Macron de réformer l’UEM, bien qu’ils ne soient pas d’accord avec le président français sur son plan national de réforme.

« Aujourd’hui, nous avons vu un président [français] qui voit mieux les réalités de l’Europe », qui est « positif », parce que cette année il s’agira de concrétiser les promesses européennes, estime Manfred Weber, chef de file du PPE. « Nous prenons note de son approche réaliste de ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. »

Au sein du groupe conservateur, c’est la question de l’immigration qui est considérée comme une priorité pour cette année.

La discrète marche arrière d’Emmanuel Macron sur les réformes a pour contexte une opposition allemande croissante à d’autres propositions considérées comme des priorités de ce semestre. Celles-ci incluent un système européen de garantie des dépôts, afin de protéger les épargnants et la transformation du mécanisme européen de stabilité en un fonds monétaire européen.

Les dirigeants européens veulent un accord sur ces sujets d’ici fin juin, avant la discussion de propositions à plus long terme, comme un possible budget de la zone euro. Des sources au sein des institutions doutent cependant de ce calendrier.

« En décembre, l’Europe avait l’air d’aller de l’avant, de profiter de l’élan. Aujourd’hui, quatre mois plus tard, je n’en suis plus si sûr », regrette Klaus Regling, qui dirige le mécanisme européen de stabilité.

La fin de l’élan politique coïncide avec un affaiblissement apparent de l’activité économique dans la zone euro. Certains indicateurs montrent en effet que la croissance et l’activité sont en baisse.

https://www.euractiv.fr/section/all/news/macron-offers-half-hearted-defence-for-waning-eurozone-push/

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