Le président Italien Sergio Mattarella vient de refuser la nomination d'un europhile au poste de ministre des finances du nouveau gouvernement. Paolo Savona – très critique envers la monnaie unique - avait été choisi par la nouvelle coalition formée par le parti populiste "5 étoiles" et le parti d'extrème droite "La Ligue".
Contrairement à leur première version, le programme avec lequel le parti populiste a fait campagne pour les élections législatives du mois de mars 2018 en Italie, ne faisait plus mention d'une sortie de l'euro. Alors que seule une faible minorité d'Italiens soutient un abandon de l'Euro (24% selon un sondage RAI), la question fut escamotée et ne fut pas débattue, au point de laisser croire que le parti ne cherchait plus la rupture avec la zone euro.
Or brutalement, la nouvelle coalition a présenté un Ministre des Finances radicalement anti-euro, ce qui mettait à jour une manoeuvre cachée à la fois anti-démocratique et anti-européenne.
Les plus machiavéliques pourront y voir une provocation intentionnelle de la part du nouveau gouvernement qui se trouvait dans l'impossibilité de mettre en oeuvre son programme populiste aussi démagogue que couteux. Pris en étau entre une dette colossale de € 2300 milliards dont les taux d'intérêts sont immédiatement repartis à la hausse suite à l'annonce du rejet de l'austérité, et le risque de provoquer un scénario catastrophe à la grecque, mais cette fois à l'échelle de la troisième économie européenne ce qui entrainerait la dislocation complète de la zone euro, la nouvelle Alliance aurait préféré être empêchée par le président Italien de poursuivre l'impossible qu'elle avait imprudemment promis aux électeurs?.. Après tout, les populistes ne cherchent-ils pas seulement à exister en critiquant le système sans avoir jamais l'obligation de gouverner et de proposer des mesures réalistes ?
Une large majorité des Italiens ne sont pas hostiles à l’Euro. Ils devront bientôt retourner aux urnes pour obtenir un nouveau gouvernement, probablement une nouvelle coalition. Mais cette fois, le maintien dans la zone euro sera publiquement débattu, ce qui fera de ces nouvelles élections un référendum sur l'appartenance de l'Italie à l'euro.