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Défense et immigration: Merkel se rallie enfin à Macron


Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel à l'Elysée le 13 juillet 2017 à Paris Patrick KOVARIK  /  AFP

Très réservée et conservatrice en ce qui concerne l'approfondissement de la zone euro, Angela Merkel fait preuve d'un peu plus d'entrain pour certaines des proposition de son homologue français, qui en comparaison, parait fougueux et audacieux pour aller de l'avant à un moment critique pour l'Europe.

A. Merkel se dit favorable au projet de créer une force commune européenne d'intervention. Il faut néanmoins comprendre tout ce que cette démarche implique pour l'Allemagne moderne post 1945 qui doit son existence à un puissant ancrage à l'Ouest. L'atlantisme n'est pas pour l'Allemagne d'après guerre une trahison contre l'Europe, mais bien son acte de naissance qui la dota d'un nouvel ADN, celui de la démocratie au sein du monde libre et celui de la prospérité économique. L'OTAN créa l'Allemagne de l'Ouest, les deux sont consubstantiels. L'OTAN assura sa survie face à l'expansionnisme soviétique à l'Est et face à la montée du communisme en Europe. C'est encore à l'OTAN, qui avait gagné la guerre froide, que l'Allemagne doit sa réunification après la chute du mur de Berlin en 1989.

Il faudra la disparition totale du communisme et de la menace qu'il représentait pour les Etats-Unis d'Amérique dans le monde, pour que l'Europe, qui en l'espace de quelques générations allait être totalement dépassée démographiquement et économiquement par l'Asie, ne représente plus aucun enjeu stratégique pour les Etats-Unis. Depuis les années 2000, l'Europe a quitté le devant de la scène mondiale, elle n'est plus, et ne sera plus jamais probablement, le centre du monde. C'est bien l'Asie qui concentre toute l'attention de l'Amérique, c'est bien la Chine qui va devenir une nouvelle super-puissance mondiale.

Il faudra toute la brutalité diplomatique et commerciale d'un Trump pour pousser l'Allemagne à oublier les veilles photos de famille et à se débarrasser de ce qui est devenu un sentimentalisme atlantique. L'Allemagne est au pied du mur et doit maintenant se prendre en main. Elle ne le pourra pas seule, elle ne le pourra qu'avec les européens. Pour entrer dans l'avenir de façon résolue et responsable, elle n'a d'autre choix que d'écrire l'Europe avec le seul pays qui pour le moment veut aller de l'avant, la France.

Il aura aussi fallu l'arrivée récente en Mai 2018 des populistes et de l'extrême droite en Italie pour que enfin A. Merkel réponde, 8 mois plus tard, aux propositions de E. Macron.

A. Merkel se dit donc favorable à la création d'une force commune européenne d'intervention. Il faut néanmoins préciser que l'Allemagne apporte dans la dot de mariage une armée sous dimensionnée et sous-équipée. Il reviendra de toute façon à son Parlement d'engager ou non une opération militaire. Il faut aussi savoir que les deux pays ont des approches radicalement différentes quant à la manière de concevoir cette force d'intervention. Paris veut une approche "exclusive" hors cadre de l'UE, incluant seulement des pays volontaires. Berlin défend une approche "inclusive" visant à ouvrir l'initiative à tous les pays de l'UE, dans le cadre de la Coopération structurée permanente (PESCO). L'approche de Paris se veut opérationnelle, celle de Berlin est plus politique et capacitaire.

L'autre sujet de convergence est l'immigration. Angela Merkel se rallie aux propositions de E. Macron de créer une police européenne des frontières et une agence européenne de l'immigration, qui évaluerait les demandes d'asile en fonction de critères communs. En effet, il est absurde aujourd'hui que chaque pays doivent traiter des dizaines de milliers de demandes d’asile que d'autres pays européens ont déjà refusé.

Ces sujets doivent être maintenant discutés et négociés avant le Conseil européen des 28 et 29 juin 2018.

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