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France-Allemagne: un mariage d’amour et de raison.


Emmanuel Macron et Angela Merkel durant leur conférence de presse mardi sur la réforme de l'Union européenne | LUDOVIC MARIN / AFP

E. Macron et A. Merkel viennent de conclure un sommet franco-allemand par la signature d’un accord commun, portant le nom du château de « Meseberg » près de la capitale allemande où ils s’étaient réunis. .

Cet accord ne fait qu’officialiser les réponses prudentes de A. Merkel aux propositions plus ambitieuses de E. Macron, en particulier sur l’approfondissement et l’intégration de la zone euro. Les propositions de l’un étaient restées sans réponses depuis de longs mois, et les réponses prudentes de l’autre venaient tout juste d’être formulées récemment dans des déclaration à la presse. La déclaration de Meseberg ne dit rien de plus, en particulier les montants qui seront alloués au budget européen, et tout reste à négocier, .

Pourtant, cette déclaration commune est un accord de principe officiel qui marque un tournant dans la voie de l’intégration de la zone Euro. Surtout, elle oblige autant la France que l’Allemagne, chacun concédant des gages à l’autre comme un couple qui se forme en acceptant d’abandonner un part de son ancienne identité pour en former une nouvelle commune aux deux, et différente de ce que chacun était auparavant de façon isolée. Cette nouvelle identité faite de nouvelles pratiques, exige de grands efforts de la part des deux partenaires qui se voit contraints de travailler contre nature pour rejoindre l’autre. Elle est loin d’être acquise et devra résister aux épreuves du temps. Mais c’est elle qui définira l’identité européenne du futur. Ce mariage d’amour et de raison entre la France et l’Allemagne, sera le contrat qui servira de guide à tous les autres pays qui voudront progresser dans la voie européenne. Cet accord de Meseberg sera déterminant pour le prochain Conseil européen à Bruxelles fin juin 2018.

L’amour, c’est la solidarité et l’aide financière en cas de crise, grâce au Fonds monétaire européen (FME). C’est renforcer les investissements grace au budget européen. C’est organiser un filet de sécurité pour les banques grâce à l’union bancaire. C’est aider les pays les plus exposés, notamment l’Italie, aux flux migratoires entrants et c’est une véritable police européenne des frontières . C’est une force de défense commune mise en place par 10 pays dans le cadre d’une coopération renforcée et structurée .

La raison, c’est soumettre les pays qui bénéficieraient de l’aide du FME en cas de crise, à des règles de gestion budgétaires strictes et encadrées. C’est faire du budget de la zone euro un instrument de convergences entre les économies et d’établir une base commune à l’impôt sur les sociétés pour le financer. C’est coordonner une action européenne pour  démanteler les réseaux de passeurs de migrants. C’est procéder aux demandes d’asile  dès l’arrivée sur le sol européen et y appliquer des normes d’octroi harmonisées entre tous. C’est lutter contre les causes des migrations, avec de l’aide au développement pour les pays d’Afrique . C’est renforcer le corps des gardes cotes européen Frontex. C’est développer une culture commune dans les systèmes d’armement mais aussi dans les missions des armées.

Il en coute à l’Allemagne d’accepter un budget européen et un Fonds Monétaire, au risque de devoir payer pour les Etats moins vertueux qui ne s’obligent pas à l’austérité comme elle se l’impose à elle même. Il en coute à l’Allemagne de se montrer plus offensive et interventionniste dans le domaine militaire. Il lui en coute de rejeter les migrants aux frontières. Il va en couter à la France de devenir financièrement aussi vertueuse que l’Allemagne et lui donner des gages de fidélité et de constance. Il va en couter à la France de revoir à la baisse les montants alloués au budget européen et au FME.

Mais les efforts, les concessions et la discipline consentis sont à la hauteur des enjeux et des résultats qui sont à portée de main.

La zone euro pourra disposer d’un budget lui permettant d’investir dans les industries d’avenir et soutenir ses membres les plus fragiles. Elle pourra harmoniser ses fiscalités sur les société et pourra faire face à des crises nationales grâce à un fonds commun. Elle assurera ses banques de façon commune. Un groupe restreint de pays volontaires pourra relever les défis stratégiques auxquels elle est confrontée. Sous l’impulsion de certains Etats, elle pourra se doter d’un nouveau char de combat, d’un nouvel avion de combat et d’un nouveau satellite militaire, et concrétiser ainsi l’Union de la Défense. Elle pourra gérer l’afflux des migrants de façon coordonnées et responsable.

L’accord de Meseberg porte en lui le rebond de l’Europe, au lieu de sa dislocation tant annoncée.

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