Au conseil franco-allemand de Meseberg de ce mois de juin 2018, la France et l’Allemagne viennent de lancer deux programmes d’armements conjoints à la fois symboliques et majeurs, celui du char de combat futur (Main Ground Combat System), dont la maitrise d’oeuvre sera assurée par l'Allemagne, et celui du système de combat aérien du futur (FCAS), dont la maîtrise d'oeuvre sera confiée à la France.
Dans les deux cas, il s'agit d'un engagement à très long terme pour concevoir et fabriquer ensemble du matériel de combat pendant plusieurs décennies, le futur char devant remplacer les chars français Leclerc et Leopard à partir de 2035, tandis que le « FCAS », qui pourra inclure avions pilotés et non pilotés, devrait prendre la succession à l'horizon 2040 des chasseurs Rafale en France et Eurofighter en Allemagne.
Par deux fois dans le passé, à la fin des années 50 et dans les années 70, la France et l’Allemagne avaient raté l’occasion d’unir leurs forces pour la conception et fabrication d’un char de combat lourd. Il semblerait que cette fois soit la bonne. Déjà, lors du salon Eurosatory cette année, la société franco-allemande KNDS, vient de présenter un premier char franco-allemand commun, avec le châssis du Léopard et la tourelle du Leclerc. Commercialisable à partir de 2021, ce modèle mixte pourrait être exporté, en attendant le futur char de 2035.
Dans le domaine aérien, le français Dassault assurera la maitrise d’oeuvre tout en associant Airbus.
Un troisième programme conjoint, moins symbolique, est aussi à l’étude, celui d'un nouvel avion de patrouille maritime.
Il ne faut pas oublier non plus, le programme d’un drone européen « eurodrone » qui devrait devenir l’année prochaine le premier grand programme d'armement européen éligible au Fonds européen de défense. La Commission européenne a proposé de doter le premier Fonds européen de défense (FED) de 13 milliards d'euros pour la période 2020-2027, à raison de 4 milliards pour la recherche et 9 milliards pour le développement des capacités militaires des Etats membres.
Enfin Paris et Berlin vont donner le feu vert à la construction d'un troisième satellite de reconnaissance militaire pour un lancement prévu sur le futur lanceur européen Ariane 6 en 2021.
Il y a bien une exception à cette amplification spectaculaire de la coopération stratégique franco-allemande, celui du futur missile qui armera l’hélicoptère de combat franco-allemand Tigre. L’hélicoptère est opérationnel depuis de nombreuses années, et Berlin accepte de le moderniser avec Paris. Mais les allemands veulent abandonner le futur missile européen au profit d’un modèle israélien pour armer leurs propres hélicoptères.