Cela ne date pas d’hier, mais la pandémie du Coronavirus a fait une fois encore ressurgir le clivage entre les pays du Nord et ceux du Sud en Europe.
L’Italie, à la dette publique gigantesque, est durement touchée par la crise économique sans précédent qui s’abat sur le monde. Comme d’autres, elle appelle les pays du Nord, aux économies florissantes, à la rescousse. Mais cette fois, il ne s’agit plus de prêter contre des garanties de remboursement et de meilleures pratiques budgétaires. Il s’agit de mettre en place une véritable solidarité économique, c’est à dire de répartir le fardeau du plan de relance en fonction des besoins, et surtout des moyens financiers des pays membres de l’Union.
Comme on pouvait s’y attendre, les Pays-Bas sont vent debout contre une quelconque mutualisation des dettes en Europe. Ce pays, à la pratique budgétaire vertueuse, aux excédents budgétaires (14 milliards d’euros en 2019) et commerciaux (65 milliards d’euros en 2019), ne veut pas payer pour les Etats « laxistes » du sud.
Pour aller au delà de la confrontation et du blocage, il faut vouloir considérer et comprendre la culture de l'autre.
La culture nordique et calviniste considère le franc parler comme un gage d’honnêteté. Des déclarations abruptes, qui aux Pays-Bas sont perçues comme professionnelles, du premier ministre Rutte et de son ministre des finances Hoekstra, ont été perçues comme des provocations par l’Italie, qui s’en est offusquée publiquement, accusant les Pays-Bas d’être anti-européens.
Ce que les Italiens savent moins, c’est que la démocratie néerlandaise est un régime parlementaire, dans lequel le gouvernement doit obtenir l'aval du parlement avant de prendre une quelconque position. C'est bien le parlement qui discute et décide de ce qui pourra être dit et être fait, et non le gouvernement.
Aujourd’hui, le gouvernement néerlandais représente une coalition politique de 4 partis de centre droit. Parmi eux, deux d’entre eux sont clairement favorables à l’Europe et à son approfondissement. De plus, les Pays-Bas savent bien tout le profit que leur économie a su tirer de l’Union européenne, de son marché unique et de sa monnaie. Pour rien au monde, ils ne tueraient la poule aux oeufs d’or.
Certes, pour eux, l’Europe est avant tout un projet économique, et non pas politique. Les néerlandais sont avant tout des pragmatiques purs et durs. Il n’ont pas une conception politique ou dogmatique de l’Europe, contrairement aux Français.
Ce qui ne veut pas dire qu’ils s’opposent à l’Europe politique, mais plutôt qu’ils ne s’y opposeront pas, pour autant que leur économie soit préservée.