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Changer la France pour faire avancer l’Europe



Yves Bertoncini, Mouvement Européen France, Europe, Christophe Carreau
#bertoncini #Maastricht #EuropeUnie #Europe Portrait © C. Carreau

« C’est aussi en changeant la France qu’on fera avancer l’Europe. »


Dans une tribune co-écrite par Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France , Olivier Mousson, Secrétaire général et Jérôme Quéré, Délégué général, le Mouvement de France avance que « point n’est besoin de “refonder” la construction européenne, puisque c’est à Maastricht qu’elle le fût : il convient plutôt de l’approfondir sans relâche en conciliant ambitions européennes et adaptations nationales, car c’est aussi en changeant la France qu’on fera avancer l’Europe. »


https://mouvement-europeen.eu/30-ans-apres-maastricht-changer-la-france-pour-faire-avancer-leurope/



30 ans après le traité de Maastricht qui actait la création de l’Union économique et de la monnaie unique (effective 10 ans plus tard), on peut mesurer le chemin parcouru d’une Europe qui s’est construite en procurant à la France un ancrage à l’économie allemande lui permettant de résister à des crises majeures (crise financière de 2008, crise grecque de 2010, pandémie du COVID en 2020) à l’abri de la spéculation financière mondiale et malgré l’envol de sa dette publique. Même si le fonctionnement de la monnaie unique dans la zone euro est perfectible, on est aujourd’hui en droit de se demander si la France de son coté a elle aussi été à la hauteur. Force est de constater que le pays ne s’est pas réformé comme il l’aurait fallu, et a du mal a accepter de compromettre sa souveraineté nationale dans un ensemble plus fédéral.


« Avec l’euro, c’est comme si la France avait eu le beurre et l’argent du beurre – certes sans le sourire de la crémière européenne – puisque notre pays n’a entre-temps résolu aucun de ses problèmes structurels en matière économique, industrielle, budgétaire et sociale… » Depuis les années 2000, donc sur une période couvrant plusieurs mandats présidentiels, les déficits réguliers (hors crise du covid) n'ont pas permis de redresser la barre pour espérer un retour à l'équilibre. Les inégalités ont augmenté en France malgré les dépenses publiques. La désindustrialisation de la France ne s'est pas non plus inversée. « Quand bien même la gestion de l’UEM peut encore être améliorée, c’est donc d’abord à nous de faire mieux sur le registre domestique, sans encore et toujours blâmer “ l’Europe” ! »


La création d’une Union européenne oeuvrant à notre sécurité collective était l’autre avancée du traité de Maastricht. « C’est aussi sur le plan politique que les divergences de fond demeurent, notre pays apparaissant très contradictoire en la matière. » Certes la France est pour un renforcement du Corps européen de garde-frontière mais annonce l'envoi de forces de l'ordre à la frontière intérieure entre elle et l'Italie. Si elle pense vouloir protéger en commun les frontières extérieures, ce n'est pas pour remettre des contrôles aux frontières intérieures. Cela est vrai sous le mandat d'Emmanuel Macron mais aussi de son prédécesseur qui a eu une vision extensive du mot "temporaire" mentionné dans le traités pour permettre le retour de ces contrôles.


De plus, prétendre construire une “Europe de la défense” en cultivant l’ambiguïté sur les relations avec les USA et l’OTAN semble illusoire, voire contre productif car cela choque nos partenaires. La plupart des pays européens frontaliers de la Russie ne peuvent compter que sur l'OTAN pour leur défense. Il serait illusoire de penser les convaincre que l'Europe peut faire cavalier seul, et ce d'autant plus depuis l'invasion de l'Ukraine. Il serait plus judicieux de renforcer la défense européenne à l'intérieur de l'OTAN sans pour autant laisser le pouvoir de décision dans les mains des seuls Etats-Unis. D’autre part, décider de manière solitaire d’une intervention militaire extérieure, ce qu’un régime présidentiel français permet de faire au risque permanent du “cavalier seul”, est en rupture avec les usages démocratiques des autres pays de l’UE qui fonctionnent dans des régimes parlementaires. De même que le serait un refus de voter à la majorité qualifiée en matière de politique étrangère, innovation proposée par la nouvelle coalition allemande, mais dont l’usage programmé en matière agricole avait conduit le général de Gaulle à provoquer “la crise de la chaise vide. Il n’est pas sur que la France accepterait aujourd’hui d’être mise en minorité, comme cela aurait été le cas si le vote de la majorité qualifié avait été en vigueur lors de la guerre en Irak alors qu’elle refusait d’intervenir en Irak aux cotés des Etats -Unis.

« Les rédacteurs du Traité de Maastricht se sont enfin entendus sur des avancées notables en matière de citoyenneté européenne, par exemple en consacrant le droit de circuler et de résider librement dans l’UE, le droit de voter aux élections locales et européennes, mais aussi en adoptant le “principe de subsidiarité” afin de réguler et de clarifier l’exercice des compétences de l’UE au regard de celles des États membres. Si ces innovations civiques étaient justes dans leur principe, beaucoup reste à faire. Il s’agit, d’une part, de poursuivre la démocratisation de l’UE, par exemple, en rendant enfin plus transparents les travaux du Conseil et des “comités” encadrant la Commission, tout en donnant au Parlement européen un pouvoir de codécision sur la totalité des enjeux législatifs et budgétaires. Souvent adeptes de la monarchie présidentielle, nos leaders politiques y sont-ils prêts ? Il s’agit, d’autre part, de rappeler que le droit européen ne prime que dans un nombre limité de domaines, sans altérer notre identité et notre liberté, tout en réaffirmant une primauté pourvoyeuse de sécurité juridique et d’équité de concurrence pour nos entreprises, nos travailleurs et nos consommateurs. Qui le fera dans notre cher et vieux pays ? » Il est pourtant essentiel que le Président de la République, ou son premier ministre, rende des comptes sur sa politique nationale devant l'Assemblée nationale et le Sénat. C'est ce que le Mouvement Européen de France avait proposé lors de la réforme constitutionnelle qui n'a pas été jusqu’à son terme. Plus de transparence en France de ce qui se passe au Conseil européen (les “sommets européens”), comme le font les autres pays, serait un pas pour que la France défende plus de transparence au Conseil de l'UE ensuite (aussi appelé “Conseil” ou “Conseil des ministres de l’UE”, qui est une institution de l’Union européenne, au même titre que le Parlement européen et la Commission européenne).


« Au fond, point n’est besoin de “refonder” la construction européenne, puisque c’est à Maastricht qu’elle le fût : il convient plutôt de l’approfondir sans relâche en conciliant ambitions européennes et adaptations nationales, car c’est aussi en changeant la France qu’on fera avancer l’Europe. »

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