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La perte des Huguenots à l’origine du déclin de la France ?

  • Photo du rédacteur: Christophe Carreau
    Christophe Carreau
  • il y a 5 jours
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 1 jour


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Le thème du déclin économique de la France à la suite de la Révocation de l’Edit de Nantes, s’est transformé aujourd’hui, après plus de 4 siècles, en mythe qui continue à séduire le grand public cultivé, c’est-à-dire vous mêmes chers lecteurs. Pourquoi tant d’auteurs, même non protestants, l’ont-ils autant diffusé et alimenté? Serait-ce la face masquée d’un regret, pour ne pas dire d’un remords national ?



Introduction


La révocation de l’édit de Nantes en 1685 par Louis XIV mit brutalement fin à près d’un siècle de coexistence religieuse relative entre catholiques et protestants en France. Cet édit, qui garantissait depuis 1598 la liberté de culte aux réformés, fut remplacé par une politique de conversion forcée, de dragonnades, de confiscations et d’exils. En quelques années, des dizaines de milliers de familles huguenotes – on estime entre 150 000 et 200 000 personnes – quittèrent le royaume, fuyant vers les terres plus tolérantes du Refuge : la Hollande, l’Angleterre, la Suisse, les principautés allemandes, la Scandinavie.


Cette fuite ne concernait pas une population quelconque : artisans qualifiés, manufacturiers, négociants, imprimeurs, savants, soldats et banquiers faisaient partie de cette diaspora. D’où une question qui hante encore l’historiographie : cette ponction d’une élite économique et intellectuelle aurait-elle provoqué le déclin de la France ? Le moment coïncide, en effet, avec le reflux de la puissance française, les crises économiques et les guerres ruineuses de Louis XIV.


En vérité, la perte, sévère à l’époque, fut à moyen terme compensée. Les graves conséquences, pour le futur de la société française, sont à chercher ailleurs.


« Ce cliché d’une France punie économiquement du fait de ce qu’elle a fait subir aux huguenots reste tenace. Il a été propagé bien au-delà des cercles protestants, notamment au sein de l’historiographie républicaine du XIXe siècle.

Mais ce que la France a vraiment perdu avec l’exil d’une partie des huguenots, c’est plutôt la capacité à accepter la division, la contradiction et la pluralité des points de vue.


Après 1685, le pouvoir royal s’est enfermé dans l’idée que l’on pouvait imposer l’unité par le haut, par la violence d’État.


On peut s’interroger sur ce qu’il est resté de cette idée de vouloir décréter un bonheur d’État dans l’esprit politique français, ne serait-ce qu’avec la Terreur de 1793. » (1)


(2)  Histoire des protestants en France : XVIe-XXIe siècle, Patrick Cabanel, Fayard




 
 
 

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